mardi 16 décembre 2014

Un riche avocat blanc plutôt qu'un Hispanique de la classe moyenne en passe de devenir maire d'Austin

Photo : City of Austin.
Les Austinites sont de nouveau appelés aux urnes aujourd'hui. A l'issue du scrutin du 4 novembre, deux candidats au poste de maire parmi les trois que je vous présentais dans mon précédent post sont en effet resté en lice : l'avocat Steve Adler et le conseiller municipal Mike Martinez, un ancien pompier et syndicaliste. Avec moins de quinze pour cent des suffrages exprimés, l'élue Sheryl Cole a été éliminée dès le premier tour, tandis qu'Adler arrivait en tête avec 37%, nettement devant Martinez à moins d'un tiers des suffrages.
Photo : Adler YouTube channel.
Il faudra attendre ce soir pour connaître les résultats de l'élection. Mais avec 56% des intentions de vote pour Adler contre 39% pour Martinez, les sondages de Public Policy Polling pour l'Austin Monitor augurent d'une écrasante victoire pour Steve Adler, qui manque pourtant d'expérience politique et n'apparaît pas spontanément comme un candidat naturel pour une ville où plus du tiers de la population parle une autre langue que l'anglais à la maison (contrairement à Martinez, Adler ne parle pas espagnol) et où le revenu annuel moyen par personne s'est établi autour de 30 000 dollars ces dernières années et affichant un taux de pauvreté proche de 20% (19,4% en moyenne de 2008 à 2012).
Adler est en effet le premier candidat à la mairie d'Austin à consacrer un budget de plus d'un million de dollars à sa campagne. Un million et 60 000 dollars auxquels il faut ajouter 300 000 dollars prélevés sur sa fortune personnelle.
En comparaison, les 414 817 dollars de la campagne de Mike Martinez font triste figure, même en prenant en compte les 100 000 dollars que le candidat a prêté à sa campagne.
Mais si on prend en considération le fait que Martinez fait campagne avec 28% des sommes dépensées en vue de ce second tour (soient moins de 40% de l'argent investi par les deux candidats dans cette élection et encore moins si on prend en compte l'argent prêté par les candidats eux-mêmes), ses résultats dans les sondages semblent meilleurs. Bien que cela n'ait pas d'impact sur le résultat de l'élection...
Photo : City of Austin.
Mais si le non-report de voix remportées par Sheryl Cole au premier tour (Mike Martinez s'étant durablement aliéné le vote afro-américain en critiquant maladroitement des fonctionnaires noirs de la ville en 2011, cf mon précédent post) et l'écart de moyens avec la campagne de Steve Adler sont des facteurs majeurs de cette élection, il me semble que Mike Martinez pâtit surtout du désamour des électeurs pour les élus en place. Si Martinez est le candidat préféré des Hispaniques et des moins de 45 ans comme l'indiquent les sondages, mais qu'il reste largement à la traîne dans les intentions de vote, cela signifie qu'il n'est pas parvenu à mobiliser son électorat. L'abstention approchait d'ailleurs les 60% lors du premier tour et on peut craindre qu'elle soit encore supérieure aujourd'hui, à l'issue de ce second tour organisé une semaine avant Noël.
C'est dommage s'agissant de départager des candidats proposant un choix clair, par exemple dans le domaine du logement, entre une exemption de 20% de taxe foncière pour tous les propriétaires (Adler) ou des exemptions restant ciblées sur les quartiers les plus fortement soumis au phénomène de gentrification (Martinez). Dans le domaine des transports aussi, je crains que les Austinites soient en train de rater un tournant important en favorisant un candidat qui insiste sur la fluidification du trafic routier plutôt que les alternatives à la voiture. Mais après tout ce serait cohérent avec le rejet d'une nouvelle ligne de train le 4 novembre...